Page:Boileau - Œuvres poétiques, édition 1872.djvu/329

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roient même faire une diversité agréable ; et que d’ailleurs beaucoup d’honnêtes gens souhaitant de les avoir toutes trois ensemble, je ne pouvois pas avec bienséance me dispenser de leur donner une si légère satisfaction. Je me suis rendu à ce sentiment, et on les trouvera rassemblées ici dans un même cahier. Cependant comme il y a des gens de piété qui peut-être ne se soucieront guère de lire les entretiens que je puis avoir avec mon jardinier et avec mes vers, il est bon de les avertir qu’il y a ordre de leur distribuer à part la dernière, savoir celle qui traite de l’amour de Dieu ; et que non-seulement je ne trouverai pas étrange qu’ils ne lisent que celle-là, mais que je me sens quelquefois moi-même en des dispositions d’esprit où je voudrois de bon cœur n’avoir de ma vie composé que ce seul ouvrage, qui vraisemblablement sera la dernière pièce de poésie qu’on aura de moi ; mon génie pour les vers commençant à s’épuiser, et mes emplois historiques ne me laissant guère le temps de m’appliquer à chercher et à ramasser des rimes.

Voilà ce que j’avois à dire aux lecteurs. Avant néanmoins que de finir cette préface, il ne sera pas hors de propos, ce me semble, de rassurer des personnes timides, qui, n’ayant pas une fort grande idée de ma capacité en matière de théologie, douteront peut-être que tout ce que j’avance en mon épitre soit fort infaillible, et appréhenderont qu’en voulant les conduire je ne les égare. Afin donc qu’elles marchent sûrement, je leur dirai, vanité à part, que j’ai lu