CHANT II.
[1],
Ce monstre composé de bouches et d’oreilles,
Qui, sans cesse volant de climats en climats,
Dit partout ce qu’il sait et ce qu’il ne sait pas ;
La Renommée enfin, cette prompte courrière,
Va d’un mortel effroi glacer la perruquiére ;
Lui dit que son époux, d’un faux zèle conduit,
Pour placer un lutrin doit veiller cette nuit.
À ce triste récit, tremblante, désolée,
Elle accourt, l’œil en feu, la tête échevelée,
Et trop sûre d’un mal qu’on pense lui celer :
« Oses-tu bien encor, traître, dissimuler[2]?
Dit-elle ; et ni la foi que ta main m’a donnée,
Ni nos embrassemens qu’a suivis l’hyménée,
Ni ton épouse enfin, toute prête à périr,
Ne sauroient donc t’ôter cette ardeur de courir !
Perfide ! si du moins, à ton devoir fidèle,
Tu veillois pour orner quelque tête nouvelle,