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CHANT IV.

ApLes cloches dans les airs, de leurs voix argentines,
Appeloient à grand bruit les chantres à matines,
Quand leur chef[1], agité d’un sommeil effrayant,
Encor tout en sueur, se réveille en criant.
Aux élans redoublés de sa voix douloureuse,
Tous ses valets tremblans quittent la plume oiseuse.
Le vigilant Girot court à lui le premier.
C’est d’un maître si saint le plus digne officier ;
La porte dans le chœur à sa garde est commise :
Valet souple au logis, fier huissier à l’église.
Va« Quel chagrin, lui dit-il, trouble votre sommeil ?
Quoi ! voulez-vous au chœur prévenir le soleil ?
Ah ! dormez, et laissez à des chantres vulgaires
Le soin d’aller sitôt mériter leurs salaires.
Le— Ami, lui dit le chantre encor pâle d’horreur,
N’insulte point, de grâce, à ma juste terreur ;
Mêle plutôt ici tes soupirs à mes plaintes,
Et tremble en écoutant le sujet de mes craintes.
Pour la seconde fois un sommeil gracieux

  1. Le chantre.