Page:Boileau - Œuvres poétiques, édition 1872.djvu/413

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Tes divines leçons, avec le lait sucées,
Allumèrent l’ardeur de ses nobles pensées.
Aussi son cœur, pour toi brûlant d’un si beau feu,
N’en fit point dans le monde un lâche désaveu ;
Et son zèle hardi, toujours prêt à paroître,
N’alla point se cacher dans les ombres d’un cloître
Va le trouver, ma sœur : à ton auguste nom,
Tout s’ouvrira d’abord en sa sainte maison.
Ton visage est connu de sa noble famille ;
Tout y garde tes lois, enfans, sœur, femme, fille.
Tes yeux d’un seul regard sauront le pénétrer ;
Et, pour obtenir tout, tu n’as qu’à te montrer. »
EtLà s’arrête Thémis. La Piété charmée
Sent renaître la joie en son âme calmée.
Elle court chez Ariste ; et s’offrant à ses yeux :
« Que me sert, lui dit-elle, Ariste, qu’en tous lieux
Tu signales pour moi ton zèle et ton courage,
Si la Discorde impie à ta porte m’outrage ?
Deux puissans ennemis, par elle envenimés,
Dans ces murs, autrefois si saints, si renommés,
À mes sacrés autels font un profane insulte,
Remplissent tout d’effroi, de trouble et de tumulte.
De leur crime à leurs yeux va-t’en peindre l’horreur :
Sauve-moi, sauve-les de leur propre fureur. »
DeElle sort à ces mots. Le héros en prière
Demeure tout couvert de feux et de lumière.
De la céleste fille il reconnoît l’éclat,
Et mande au même instant le chantre et le prélat.
EtMuse, c’est à ce coup que mon esprit timide
Dans sa course élevée a besoin qu’on le guide,
Pour chanter par quels soins, par quels nobles travaux,
Un mortel sut fléchir ces superbes rivaux.
UnMais plutôt, toi qui fis ce merveilleux ouvrage,
Ariste, c’est à toi d’en instruire notre âge.