Page:Boileau - Œuvres poétiques, édition 1872.djvu/437

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Quand, par l’ordre du ciel, une fièvre cruelle
M’enleva cet objet de mes tendres amours ;
Et, de tous mes plaisirs interrompant le cours,
Me laissa de regrets une suite éternelle.

Ah ! qu’un si rude coup étonna mes esprits !
Que je versai de pleurs ! que je poussai de cris !
De combien de douleurs ma douleur fut suivie !

Iris, tu fus alors moins à plaindre que moi ;
Et, bien qu’un triste sort t’ait fait perdre la vie,
Hélas ! en te perdant j’ai perdu plus que toi.


VII

SONNET SUR UNE DE MES PARENTES QUI MOURUT TOUTE JEUNE ENTRE LES MAINS D’UN CHARLATAN.

Nourri dés le berceau près de la jeune Orante,
Et non moins par le cœur que par le sang lié,
A ses jeux innocens enfant associé,
Je goûtois les douceurs d’une amitié charmante ;

Quand un faux Esculape, à cervelle ignorante,
A la fin d’un long mal vainement pallié,
Rompant de ses beaux jours le fil trop délié,
Pour jamais me ravit mon aimable parente.

Ah ! qu’un si rude coup me fit verser de pleurs !
Bientôt, la plume en main signalant mes douleurs
Je demandai raison d’un acte si perfide.