Page:Boileau - Œuvres poétiques, édition 1872.djvu/485

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LA SERRE.

Peut-être.

CASSAIGNE.

La froideur qu’en mon style je porte,
Sais-tu que je la tiens de lui seul ?

LA SERRE.

Que m’importe ?

CASSAIGNE.

A quatre vers d’ici je te le fais savoir.

LA SERRE.

Jeune présomptueux !

CASSAIGNE.

Parle sans t’émouvoir.
Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées,
La rime n’attend pas le nombre des années.

LA SERRE.

Mais t’attaquer à moi ! qui t’a rendu si vain,
Toi qu’on ne vit jamais une plume à la main ?

CASSAIGNE.

Mes pareils avec toi sont dignes de combattre,
Et pour des coups d’essai veulent des Henri Quatre !

LA SERRE.

Sais-tu bien qui je suis ?

CASSAIGNE.

Oui, tout autre que moi,
En comptant tes écrits, pourroit trembler d’effroi.
Mille et mille papiers, dont ta table est couverte,
Semblent porter écrit le destin de ma perte.
J’attaque en téméraire un gigantesque auteur ;
Mais j’aurai trop de force ayant assez de cœur.
Je veux venger mon maître ; et ta plume indomptable,
Pour ne point se lasser, n’est point infatigable.

LA SERRE.

Ce phébus, qui paroît au discours que tu tiens,