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monde. Après chacun de ses congrès les préjugés se dissipent, les objections tombent, les résistances s’affaiblissent ; et d’autre part la curiosité s’éveille, l’intérêt grandit, les sympathies se multiplient, les concours affluent de tous côtés. À Boulogne l’ardente et habile propagande de M. Michaux avait en quelque sorte assuré d’avance le succès du Congrès de 1905 : un bon tiers des Congressistes habitait Boulogne même ou les environs. À Genève, il faut bien le dire, l’Esperanto, avant l’ouverture du Congrès de 1906, n’était guère pris au sérieux par les Genevois eux-mêmes : à peine la Suisse fournit-elle une cinquantaine d’adhérents. Mais l’arrivée d’un si grand nombre d’étranger portant tous l’étoile verte à la boutonnière, l’évidente facilité avec laquelle ils se comprenaient entre eux, les comptes-rendus des séances auxquelles la presse et le public suisses prenaient comme malgré eux un intérêt croissant de jour en jour, tout cela finit par vaincre la froideur presque malveillante du début, et lorsque les congressistes se séparèrent, l’Esperanto avait fait à Genève des conquêtes éclatantes, non pas seulement dans la foule, mais au sein de l’Université, dont les professeurs les plus éminents n’hésitèrent pas à se déclarer publiquement en sa faveur.

Aussi peut-on prévoir le jour où la question de l’introduction de l’Esperanto dans les programmes de l’enseignement public se posera dans plus d’un pays en Europe. Déjà en Angleterre, la Chambre de commerce de Londre a admis l’Esperanto parmi ses concours de langues vivantes et a délivré l’an dernier cent cinquante diplômes. Lors de la réception des universitaires français par l’Université de Londres en juin 1906, M. Lough, ministre de l’Instruction publique près la Chambre des communes, fit au Foreign Office, devant un auditoire de professeurs anglais et français, un très chaleureux éloge de la langue internationale. En France, un député, M. Lucien Cornet, a déposé, vers la fin de la dernière législature, une motion qui sera peut-être reprise, pour que l’Esperanto soit enseigné dans tous les établissements d’enseignement public sur le pied d’égalité avec les langues vivantes déjà inscrites aux programmes, anglais, allemand, italien, espagnol, etc. Peut-être est-ce demander beaucoup. Peut-être serait-il plus sage de se borner à reconnaître et régulariser ce qui existe déjà sur quelques points et qui se généraliserait