Page:Boisselot - Lischen et Fritzchen.pdf/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
FRITZCHEN.

À la bonne heure, j’accepte vos excuses ; maintenant vous dites comme moi !… et c’est y bon le petit commerce ?

LISCHEN.

Mauvais comme tout, mon pauvre pays ! ils traitent mes palais de superflus.

FRITZCHEN.

Oh ! les malhonnêtes ! Attendez, je vas faire remonter l’article, moi ; donnez-m’en un pour deux sous.

LISCHEN.

En v’là deux, mais qu’est-ce que vous en ferez ?

FRITCHEN.

J’ai oublié mon démêloir et ma brosse à dents ; ça les supplémentera.

LISCHEN.

Il est bien loustic mon pays, et puis il a un bien joli chapeau. Ah ! vous êtes bien aimable.

FRITZCHEN.

Et vous bigrement gentille, et j’ajouterais bien un baiser au payement de la marchande.

LISCHEN.

Oh ! je n’aurais pas de quoi vous rendre.

FRITZCHEN.

Oh ! en cherchant bien… (A part.) Mein Gott ! comme elle me va, la payse !… ça ferait une jolie petite femme tout d’même, si on était sûr que… mais on n’est jamais sûr que… la jeunesse est si fragile… Et vous retournez au pays ?

LISCHEN.

Oui !

FRITZCHEN.

Eh bien, puisque nous allons tous les deux en Alsace, nous allons toujours faire un brin de route ensemble.

LISCHEN.

Mais je veux bien.

FRITZCHEN.

Et nous allons auparavant nous donner des forces dans les jambes en les faisant passer par nos estomacs… Avez-vous faim ?

LISCHEN.

Oh ! oui. (Elle s’assied sur le banc et tire de son sac du pain noir et du fromage.)

FRITZCHEN, à la table.

Eh bien, venez par ici.