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LISCHEN.

C’est de la Fontaine.

FRITZCHEN.

La musique doit être fraiche, puisqu’elle vient de la fontaine… Ah ! ah ! ah ! ah ! la fable ! la fable !

LISCHEN.
Air.
–––––––Un jour un rat de ville
–––––––Invita le rat des champs,
–––––––D’une manière fort civile,
–––––––À manger des plats friands,
–––––––Sur un cachemir des Indes,
–––––––Le couvert se trouva mis,
–––––––Restants de gigots, de dindes
–––––––Quell’ noc’ pour les deux amis,
–––––––Le régal fut fort honnête,
–––––––Mais les médaill’s ont des revers ;
–––––––Or quelqu’un troublant la fête,
–––––––Les fit avaler de travers.
–––––––C’est du côté de l’alcôve
–––––––Qu’ils entendirent du bruit ;
–––––––Le rat de ville se sauve,
–––––––Le rat des champs le suit.
–––––––Le bruit cesse, on se hasarde,
–––––––Le citadin veut revenir,
–––––––Et dit à la campagnarde
–––––––Y a le croupion zà finir.
–––––––Non ! dit l’autr’ je reprends ma route,
–––––––Demain vous viendrez chez moi
–––––––De vrai, j’ n’ai que d’la choucroute,
–––––––Au lieu de vos morceaux de roi ;
–––––––Mais mes joies ne sont pas fausses
–––––––Je mang’ sans tribulations,
–––––––Et je m’ fiche de bonnes sauces
–––––––Qui donnent des indigestions.
FRITZCHEN.

Bravo, la chanteuse, bravo ! vous chantez comme un petit rossignol ! c’est vrai, ça, mais ce qui est plus vrai encore, c’est que vous êtes un petite rate à croquer. (À part.) Oh ! je suis dans le ravissement de l’amour, jusqu’à la pointe des cheveux… je vous ai pas assez payée, il faut que je vous embrasse encore.

LISCHEN.

Du tout, du tout, vous me payez trop de cette monnaie-là.

FRITZCHEN.

Eh bien, voyons, rien qu’un petit baiser. (Il veut l’embrasser.)

LISCHEN, saisissant ses balais.

Ah ! vous savez qu’il me reste des balais.