Page:Boissier - Cicéron et ses amis.djvu/100

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de son ancien maître, le stoïcien Diodote, qu’il avait gardé chez lui jusqu’à sa mort[1]. Pour reconnaître cette longue affection, Diodote lui laissa toutes ses économies de philosophe et de professeur. Elles s’élevaient à 100,000 sesterces (20,000 francs). La réunion de tous ces petits legs ne laissa pas de former une somme importante. Cicéron lui-même l’évalue à plus de 20 millions de sesterces[2] (4 millions de francs). Il ne me semble donc pas douteux que ces héritages, avec les présents qu’il a pu recevoir de la reconnaissance de ses clients, n’aient été les sources principales de sa fortune.

Cette fortune se composait de biens de diverses sortes. Il possédait d’abord des maisons à Rome. Outre celle qu’il habitait sur le Palatin, et celle qu’il tenait de son père aux Carènes, il en avait d’autres dans l’Argilète et sur l’Aventin qui lui rapportaient 80.000 sesterces (16,000 fr.) de revenu[3]. Il possédait de nombreuses villas dans l’Italie. Nous lui en connaissons huit très importantes[4], sans compter ces petites maisons (diversoria) que les grands seigneurs achetaient sur les principales routes pour avoir où se reposer quand ils allaient d’un domaine à l’autre. Il avait aussi des sommes d’argent dont on voit dans sa correspondance qu’il disposait de diverses manières. Nous ne pouvons guère évaluer avec exactitude cette partie de sa fortune ; mais d’après les habitudes des riches Romains de ce temps on peut affirmer qu’elle n’était pas moins considérable que ses

  1. Ad Att., II, 20.
  2. Philippiques, II, 16.
  3. Ad Att., XVI, 1.
  4. Sa villa de Tusculum notamment lui avait coûté très chier. Ce qui prouve qu’elle devait avoir une très grande valeur, c’est qu’à son retour de l’exil le sénat lui alloua 500,000 sesterces (100,000 fr.) pour réparer les dommages qu’elle avait soufferts pendant son absence, et qu’il trouva qu’on était loin de lui avoir donné assez.