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Un Vaincu.

Pendant que les flammes empourpraient l’horizon, l’armée s’acheminait silencieusement, par la rive nord de l’Appomatox, le long de la seule route encore libre. Les hommes ne portaient avec eux qu’un jour de biscuit, mais un convoi de vivres les attendait plus loin, à la station d’Amélia.

Au matin du 3, l’armée était à vingt-quatre kilomètres de Pétersburg. Elle comptait encore quinze mille hommes armés, elle était heureuse de se sentir en mouvement, hors de la boue des tranchées ; pleine d’une sorte d’espoir, elle acclamait son chef qui, sur le fidèle cheval gris compagnon de tous ses dangers, s’avançait au milieu de ses troupes et leur montrait un visage ferme et serein[1].

Le plan du général était simple. En marchant rapidement, il pouvait profiter de l’étroite fis-

    truction complète. Ils parvinrent à éteindre quelques maisons, mais aucun monument ne resta debout.

  1. Ceux qui connaissaient les habitudes du général devinèrent que les circonstances lui semblaient très-graves en voyant qu’il avait ceint l’épée, ce qu’il faisait rarement.