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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

que la patrie réclamait de lui et a cru le moment venu de jouir en paix de son héroïsme.

Mais non. Voilà qu’au contraire c’est l’heure du dévouement vrai et du réel sacrifice, l’heure de lutter pour l’honneur et non plus pour le succès, l’heure de souffrir pour le seul devoir. Ô mon pays ! je ne veux pas douter de toi ! c’est un grand naufrage que le nôtre et nul ne sait quelles épaves chacun pourra recueillir quand le calme se sera fait. Nul ne sait ce qui restera de Paris ou de la France le jour où, le dernier morceau de pain mangé, on subira l’ennemi. Mais si le succès ne dépend d’aucun homme, il est une portion de l’honneur du pays à la garde de chacun : que chacun lui soit fidèle !

Nulle puissance humaine ne peut nous ôter la douceur d’avoir mieux aimé souffrir que faiblir, mourir et même laisser mourir que nous soumettre.

Je sais que tu dis avec moi : Jusqu’au bout, jusqu’au bout du devoir. Tu as une grande part dans mon entière résignation parce que je sens que tu l’approuves, comme le peuple de femmes qui ne laisse pas, même à cette heure, échapper un murmure, aura une grande part dans le respect que le monde devra, j’espère, à la défense de Paris.