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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

d’ailleurs je n’ai plus aucun autre mal à annoncer à madame.

Madame pensera que M. André a été content de me voir, seulement il était très contrarié était battu, et puis apprenant que j’avais la carriole, il voulait que je prenne aussi son officier qui était là près, pas tout à fait mort. Je voulais bien obliger M. André en tout ce qui était possible, mais cette chose-là ne se pouvait pas. Je m’inquiétais déjà de charger M. André sur mon dos et de passer le mur, et c’est le plus que j’ai pu faire comme la suite l’a prouvé. Je n’aurais jamais pu enlever cet officier qu’était un homme très-corpulent, un père de famille disait M. André. Enfin nous avons gagné la carriole et j’avais une fière peur de ne plus retrouver ma jument, puis M. André souffrait beaucoup porté comme cela, et je sentais en lui tâtant le pantalon, qu’il recommençait à saigner. Faut tout de même que je dise à madame que là et après il a eu un fameux courage, car madame peut croire que par les chemins qu’il m’a fallu suivre pour échapper il y avait des cahots à tout briser,

Il pouvait se faire quatre heures du matin et nous devions nous trouver tout près de la route de Chartres quand j’ai pris confiance vu que nous étions un peu dehors des Allemands. Je tape à une métairie pour avoir de la paille à mettre sous M. André. Je tape et je parlemente longtemps, enfin un grand flandrin