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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

balle à l’avant-bras gauche, n’était pas jugée très-grave.

M. de Vineuil éprouvait la détente forcée de si longues émotions, il sanglotait sur ce fils retrouvé et les actions de grâces brûlaient ses lèvres. Puis le calme lui revint, il s’aperçut de l’extrême faiblesse de Maurice. Maurice, relevé d’abord sans connaissance, avait aussitôt que possible écrit quelques mots ; la lettre avait dû être égarée dans le trouble général, et lui-même s’inquiétait de ne pas voir arriver son père.

La sympathie de ses collègues laissa à M. de Vineuil les loisirs que Maurice et lui-même réclamaient. Dès cette première journée, en étudiant l’état de son fils, il s’inquiéta de sa grande faiblesse et fit demander les docteurs … et … L’encombrement des blessés était si considérable que ce dernier seul put venir. Il jugea la blessure beaucoup plus grave que les premiers chirurgiens ne l’avaient fait ; l’artère avait dû être coupée, en ce cas l’amputation serait nécessaire.

M. de Vineuil comprit que le vieux chirurgien n’était que trop sûr de ses pronostics. Il décida avec lui de transporter Maurice le lendemain à l’ambulance Chaptal, dont tout le personnel médical et hospitalier lui était connu.

Ce transport, à l’heure matinale où chaque boulangerie avait sa queue navrante à voir, restera dans