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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

André à monsieur de Vineuil.
Lignes de la Mayenne, 20 janvier.

Cher père, et toi mon cher Maurice,

Cette petite feuille aura-t-elle le bonheur, en franchissant les lignes prussiennes, de vous porter ce que ses sœurs n’ont pu faire, les chaudes accolades du capitaine de Vineuil ? J’ai reçu hier une lettre de maman, et je profite immédiatement de la recette qu’elle me donne pour vous atteindre. Tout allait très-bien aux Platanes ; elle me dit que vous êtes inquiets de moi et que je dois vous rassurer. Rien n’est plus facile ; je me repose et je vais très-bien, au chagrin près, et encore mon chagrin diminue à mesure qu’une lueur d’espoir me revient. Car ici nous avons de l’espoir, sachez-le, et dites-le autour de vous, mon cher père. Certes nous avons été battus, et plus battus, hélas ! que vous ne pouvez le croire. Je n’entreprendrai pas un récit trop lamentable pour être livré en pâture à de pauvres assiégés ; vous avez assez de vos tristesses, et mieux vaut vous répéter le mot Espérance.

Nous avons un bon général, ferme, actif, et point disposé à voir les choses plus noires qu’elles ne