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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

« Père, dit Robert après un long silence, je voudrais être soldat.

— Pour nous venger, Robert ?

— Je crois que oui, père, mais encore plus pour l’Alsace…

— Mes enfants, dit M. de Vineuil en couvrant d’un même regard ses deux fils, ne haïssez que le mal ! haïssez-le toujours ! haïssez-le partout !… Pour nos provinces enlevées, comptez sur Dieu, il ne laissera pas sans châtiment une iniquité telle que celle qui vient de se commettre. Comment châtiera-t-il ? comment réparera-t-il ? Je n’en sais rien, je sais seulement qu’il est le Dieu juste. Peut-être, pour instruments de sa justice, demandera-t-il des hommes : si vous vous êtes gardés de la haine, vous serez dignes d’en être. Vous marcherez pour la délivrance, — non pour la vengeance, — vous marcherez tous deux… Votre père mettra ses dernières forces à vous suivre, et votre mère — la mère de Maurice — ne retiendra aucun de nous ! »

Fin.