Page:Boissy-Chefs-d'oeuvre dramatiques-1824.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sachez que sa tendresse est égale à mon feu,
Qu’un penchant mutuel…

M. de Forlis.

Qu’un penchant mutuel…Quoi, ma fille vous aime ?

Le Baron.

Oui : le marquis pourra vous l’attester lui-même ;
Et, pour vous en donner un garant plus certain
Lisez ; voici, monsieur, un billet de sa main.
Vous voyez qu’en trompant notre attente commune
Vous feriez son malheur, comme mon infortune.

M. de Forlis, après avoir lu le billet, qu’il lui rend.

Pour vous prouver qu’en tout l’équité me conduit,
Et que je ne suis point un aveugle dépit,
Je consens que ma fille elle-même prononce :
Je m’en rapporterai, monsieur, à sa réponse.
Je dois croire, et je suis, qui plus est, affermi,
Que vous ne serez pas meilleur époux qu’ami ;
Mais ce danger pour elle est encor préférable,
Tout mis dans la balance, au malheur effroyable
D’obéir par contrainte, et de voir son sort joint
Au destin d’un mari qu’elle n’aimeroit point.
Pour l’immoler ainsi, ma fille m’est trop chère.
Ma bonté sait borner l’autorité du père ;
Le ciel nous a donné des droits sur nos enfants,
Pour être leurs soutiens, et non pas leurs tyrans.

Le Baron.

Monsieur me rend l’espoir d’entrer dans sa famille.