Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/67

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riches. Ses mœurs se corrompirent : il devint très-gros mangeur, puis mangeur insatiable ; il s’adonna enfin à l’ivrognerie ; il prit plusieurs femmes ; il cessa d’aller visiter les églises ; il passa presque toutes ses journées à la chasse avec trois chiens favoris, qui étaient fils du bon chien Souillart et qui s’appelaient César, Hercule et Bellérophon. Pour peu qu’on lui eût déplu, il ne parlait que de fers, de cachot et de décollation. Ce qui lui restait de belle humeur ne reparaissait qu’au milieu des festins, et lorsqu’il avait à sa table quelque pauvre hère.

Aussi entra-t-il dans le chemin des iniquités. Il commença par envahir les États de son frère, le simple Haribert, qui mourut ; puis il s’arrangea pour que Hilpérik, fils de Haribert, disparût tout à coup. Un pareil crime excita l’indignation de saint Éloi, qui se retira dès lors à Rueil. Saint Ouen alla à Rouen, sur l’ordre du roi.

Une guerre s’étant élevée vers les frontières de l’Est, Dagobert fut vaincu par les Vénèdes, qui avaient pour roi un ancien marchand frank, nommé Samo. Cette défaite enflamma son courroux et le poussa à commettre la plus criminelle de ses mauvaises actions. Neuf mille familles bulgares, chassées de l’Orient par les Avares, s’étaient réfugiées en Germanie et avaient demandé asile à Dagobert. Il leur avait assigné pour résidence le pays des Bavarois,