Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/72

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y a en ce moment entre lui et moi la largeur d’une table.

— Bien, dit Dagobert. Voilà un gaillard qui fait peu de cas de ma puissance et de moi-même. Babolein, que ferais-tu si tu étais roi ?

— Je ferais bonne justice et bonne chère.

— Aurais-tu une belle cour ?

— J’aurais une basse-cour seulement.

— Aurais-tu des ministres ?

— J’épouserais une femme douce, active et jolie.

— Des favoris ?

— Mon favori serait le plus habile cuisinier.

— Et voilà ton rêve ?

— C’est le rêve du bonheur universel. Je ferais la paix partout. Dès que les hommes n’auront plus la guerre à craindre, ils seront heureux tout seuls. »

Dagobert se leva brusquement et dit : « Babolein, tu as des idées qui me conviennent tout de même, quoiqu’elles soient absurdes. Je veux faire quelque chose pour toi ; buvons ensemble. »

Toute l’assemblée enviait l’heureuse fortune du pauvre Babolein. Il faut dire que ce n’était pas seulement à cause de ses discours que le roi l’estimait ; il faisait aussi le plus grand cas de la manière aisée et toute naturelle avec laquelle cet homme des champs buvait sans sourciller une dizaine de grandes mesures de vin. Dagobert, quand il était ivre, faisait