Page:Bolingbroke - Des devoirs d'un roi patriote et portrait des ministres de tous les temps, 1790.djvu/13

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au commun des hommes.

Louis XVI est une preuve frappante de ce que je viens d’avancer. Il reçut cette mauvaise éducation qui prépare les rois à devenir des tyrans sans qu’ils s’en doutent. Le degré d’oppression sous laquelle il fit gémir son peuple pendant tout le court règne, pu provenir en partie de son caractère altier, mais son éducation y entra pour beaucoup. On l’avait accoutumé à regarder son royaume comme le patrimoine de ses ancêtres ; lorsqu’on osait lui parler de misère du peuple, si par hasard on se servait de ce mot l’état, le prince en était choqué, s’en plaignait, et recommandait qu’on employât une autre expression. Doit-on être surpris de voir les souverains tomber dans une erreur qui prend sa source dans la plus grande imperfection de la nature humaine, c'est-à-dire, au milieu de notre orgueil et de notre vanité ; enfants illégitimes de l’amour-propre, mais toujours ses enfants, et souvent trop chéris, puisqu’ils finissent par gouverner toute la famille.

C’est ainsi que les plus grands philosophes ont enseigné, dans leurs écoles, que le monde avait été créé pour l’homme, la terre pour être habitée par lui, et tous les corps lumineux qui l’environnent pour en être admirés. Les rois ne font-ils pas de même quand ils s’imaginent être les