Page:Bolingbroke - Des devoirs d'un roi patriote et portrait des ministres de tous les temps, 1790.djvu/4

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de leur peuple ; car je n’en connais point qui ne la tiennent que de Dieu.

Il est peu de recherches aussi importantes que celle-ci ; rien n’excite plus la curiosité et l’attention, que de pénétrer les replis des cœurs, mais surtout ceux des princes.

Mon âge, mon goût et beaucoup d’autres raisons m’ont éloigné de la cour ; je ne reconnaîtrais à peine les physionomies de notre famille royale ; mais, ce qui m’occupe le plus, c’est leur caractère et l’influence qu’il doit avoir sur notre nation.

Ce ne sont point les crimes des chefs des nations, des rois et de leurs ministres que je prétend attaquer ; de telles actions blessent autant la postérité que leur propre siècle. Lorsque ces crimes et leurs suites funestes viennent à s’effacer, l’exemple en reste toujours. Tout homme sensé pensera avec moi que, lorsque les annales de l’histoire sont fouillées par telle ou telle administration, le plus grand reproche qu’on ait à faire au ministre de ce temps, c’est d’avoir corrompu la morale de ses concitoyens. Je dis en général la morale, car celui qui abandonne et trahit son pays, ne manque pas d’abandonner et trahir son ami, et celui qui peut fouler aux pieds les lois de la justice et de l’équité dans les assemblées de la nation, se conduira de même coup sûr dans toutes les actions de sa