Page:Bonaparte - Réponse de Louis-Napoléon Bonaparte à M Lamartine, 1848.djvu/8

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rappeler les formes républicaines, c’est qu’il y a encore un grand nombre d’esprits élevés, qui regrettent ce gouvernement créateur et organisateur, composés de deux chambres électives, d’un conseil d’État et d’un chef responsable avec deux millions de liste civile. Ils regrettent cette administration intègre, économe, qui, avec un budget de sept cent millions, répandait partout la prospérité ; enfin, ils regrettent cette politique puissante et fière, qui nous avait rendus la première nation du monde.

« Autre grief : « Napoléon étouffe partout en Europe l’amour et le rayonnement pacifique des idées françaises. » Or, lorsque le général Bonaparte prit le timon des affaires, la République était en guerre avec toute l’Europe ; les peuples étrangers sans exception étaient tous exaspérés contre la France, les magnifiques vérités proclamées par nos assemblées nationales avaient été obscurcies par tant de passions, qu’elles étaient méconnues ! Où donc existait le rayonnement pacifique dont parle M. de Lamartine ? Ce fut Napoléon, au contraire, qui, arrêtant les passions, fit triompher partout en Europe les vérités de la révolution française. Ce fut lui qui implanta en Pologne, en Italie, en Allemagne, en Espagne, en Suisse, les idées et les lois civilisatrices de la France. Qui ne sait qu’en Allemagne il fit disparaître d’un trait de plume deux cent cinquante-trois petits États féodaux ; que de la Vistule au Rhin il détruisit le servage, les abus de la féodalité, y introduisit le Code civil français, la publicité des jugements par jury en matière criminelle, déracina les haines de religion, et y établit la liberté des cultes ? Qui ne sait qu’en Pologne, en Italie, il créa des germes puissants de nationalité, éleva des tribunes nationales, et répandit tous les bienfaits d’un gouvernement éclairé ? Qui ne sait qu’en Suisse il pacifia les cantons, et leur donna un pacte fédéral qui est encore aujourd’hui l’objet de leurs regrets ? Enfin, qui ne sait qu’en Espagne même il détruisit l’inquisition, la féodalité, et fit tous ses efforts pour y établir une constitution plus libérale et un gouvernement plus