Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les ordres de ce vieux serviteur de la France, je partis avec la cavalerie du convoi. M. le lieutenant-colonel de Caprez est Suisse de naissance, et il tient de sa nation tout ce qu’elle a d’éminemment militaire dans son généreux dévouement. Il me fit l’honneur de m’accompagner jusqu’à une certaine distance de la place. L’infanterie nous avait précédés, sous le commandement d’un jeune lieutenant normand du 8e de ligne, M. Wolf, relevant à peine d’une blessure, et mort d’une belle mort, peu après, à la prise de Nara par M. le colonel Canrobert.

Le convoi se composait de trois cents mulets de charge, accompagnés d’autant de conducteurs arabes, et portant soixante-dix mille rations, outre quelques munitions de guerre. L’escorte placée sous mes ordres n’était que de vingt-huit fantassins de la Légion et trente-sept cavaliers, chasseurs d’Afrique et spahis. MM. Conseillant, sous-intendant militaire, et Dubarry, officier de santé, voyageaient avec nous. Malgré le voisinage des monts Aurès, la route de Batna à El-Ksour, première étape vers Biscara, n’avait pas encore été inquiétée ; nous y arrivâmes sans encombre. C’était un poste en maçonnerie, encore en construction, et situé près d’une source qui ne tarit point. Un petit détachement de la Légion, commandé par le lieutenant Sarazin, y tenait garnison. Nous plantâmes le piquet ; je pris quelques précautions pour la nuit, et le lendemain, à quatre heures du matin, je fis battre le premier. Les tentes furent bientôt abattues, et le café pris. La distribution de café est une excellente innovation, qui plaît beaucoup au soldat et qui, sous ce climat, parait être très favorable à son hygiène ; elle est due, si je ne me trompe, à M.