Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/63

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bon, grenadiers ! et ne voulut point se défiler. Un groupe d’Arabes, à demi couverts par le mur, tiraient sur nous à soixante pas, et semblaient avoir reconnu des officiers, si bien que je crus utile de leur envoyer moi-même un nouveau coup de fusil. Tous ceux qui ont assisté à cette affaire conviendront que je n’exagère rien en disant que nous étions attaqués par plus de mille adversaires, et sans la bonté de notre position défensive, je ne sais vraiment ce que nous serions devenus, surtout sans les renforts qui nous arrivèrent.

Je conviens que j’en demandai au colonel. Non-seulement il m’approuva, mais rappelé à la tranchée par le bruit du combat qui continuait à s’y livrer, il se chargea de les faire demander lui-même au général. En attendant, nous avions à faire un nouvel effort, et, je dois le dire, aucun des braves qui m’entouraient ne faillit à cette tâche. Un lieutenant du bataillon d’Afrique, dont je regrette vivement de ne pas avoir retenu le nom, était venu remplacer un des capitaines blessés ; Marinot, et leurs soldats, défendaient le jardin encaissé ; Smitters et nos grenadiers, le mur et le terrain nu à côté.

La conduite de Smitters est de celles qui honoreront le genre humain tant qu’un cœur de soldat battra sous le harnais ! Je déplore de n’avoir que ce faible écrit pour en conserver la mémoire. En évidence sur la petite butte que venait de quitter le colonel, il animait ses hommes, et ajustait ses coups avec un imperturbable sang-froid. Derrière un large créneau, un Arabe se montrait à demi et se cachait tour à tour. Le sergent le tenait enjoué, et épiait, pour tirer, le moment favorable, mais l’ennemi le prévint ; foudroyé, Smitters bondit en l’air,