Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/74

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et un homme de cœur préférerait avoir à relever autrement qu’avec la plume.

Le paquebot d’Alger devant appareiller de Philippeville le 6 novembre, mon départ de Zaatcha fut fixé au 30 octobre. Le 28 et le 29, mon régiment fut encore de service à la tranchée ; mais comme nous nous y rendîmes sans musique, suivant les prescriptions réglementaires [1], nous y arrivâmes sans avoir personne hors de combat. Le commandant de Laurencez et son bataillon étaient de garde avec nous. Ce sont d’excellents compagnons, aussi braves que gais. Goise, le zouave qui s’était fait remarquer le 25, demanda au colonel la permission de vexer l’Arabe, et montant sur le terre-plein de la batterie Petit, il se mit à parodier les chants du pays de la façon la plus amusante.

Les mêmes circonstances que j’ai déjà décrites se renouvelèrent ce jour-là et le lendemain. Les cheminements avançaient, quoique lentement ; l’artillerie s’occupait de mettre deux nouvelles pièces en batterie à l’extrême droite ; son feu fit s’écrouler avec fracas, dans un nuage de poussière, une des tours de Zaatcha ; les coups de fusil et de tromblon des défenseurs continuaient, et nos soldats, mieux défilés à mesure que les travaux avançaient, les leur revalaient.

La nuit, nous eûmes une alerte plus vive que la dernière fois. L’officier de garde à la sape de gauche vint nous avertir que le léger blindage qui la recouvrait paraissait céder sous les pierres que les Arabes, abrités par un renfoncement du sol, à quelques pas de nous, ne cessaient de lancer. La fusillade

  1. Article 202 de l’ordonnance du 3 mai 1832.