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Sa famille et son enfance à Clamecy

Romain Rolland est issu d’une de ces vieilles familles françaises « qui, depuis des siècles, restent fixées au même coin de province et pures de tout alliage étranger » (Antoinette, p. 7).[1] Son arrière-grand-père paternel, d’origine franc-comtoise, J.-B. Boniard, fut un ardent révolutionnaire, « un des douze Apôtres de la Raison », institués par Bias Parent dans la Nièvre. Il écrivit beaucoup comme Olivier (Antoinette, p. 23), c’était presque une manie, un besoin séculaire d’écrire, chaque jour jusqu’à sa mort, avec une patience simple et presque héroïque, « des notes détaillées, de ce qu’il avait lu, dit, fait, entendu, mangé et bu ». C’était, pour lui, des notes que personne ne devait lire, et que lui-même ne relirait jamais. Presque toutes les pages de cet immense journal ont été brûlées après la Révolution et Romain Rolland l’a déploré[2] souvent. « Les parents brûlent par honte, pour faire disparaître toute trace... mais ceux qui accomplissent ces pieuses destructions ne se doutent pas qu’ils brûlaient en bien des cas leurs meilleurs titres de gloire ». Quelques fragments épars, échappés à la ruine, se rapportent aux événements du 14 juillet 1789, et Romain Rolland s’en inspirera, plus tard avec émotion, lorsqu’il écrira son drame sur la glorieuse journée populaire. — Du côté maternel ce sont, Bourguignons ou Nivernais, des magistrats ou des gens de robe : une tradition familiale rapportait même que des liens de parenté les unis-

  1. Nos citations et renvois se réfèrent toujours au texte original des Cahiers de la Quinzaine.
  2. Cf. Bibliographie, n° 97.