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l’article de Eugène Morel, Revue d’art dramatique, 1902, pp. 100-107, qui donne des extraits importants des chroniqueurs et feuilletonnistes : Larroumet, L. Mühlfeld, Paul Fiat, E. Faguet, Catulle Mendès). Vingt-neuf représentations n’en épuisèrent pas le succès, mais des difficultés matérielles, des engagements antérieurs arrêtèrent la pièce au milieu d’avril. L’œuvre était vivante, alerte, humaine, et non pas simplement une « expressive et pittoresque reconstitution », comme la qualifiait Stoullig (Annales du Théâtre, tome XXVIII, 1902, pp. 395-397).

Tentative dernière qui démontrait, une fois de plus, l’impossibilité de faire accueillir des pièces conçues en dehors de nos conventions bourgeoises et de nos principes surannés. Ces drames, R. Rolland les réunira en volume, sept ans plus tard, en 1909, sous le titre de Théâtre de la Révolution.[1] Dans leur forme isolée, ils n’en gardent pas moins leur intérêt propre et entier : l’action est dégagée de toute intrigue romanesque qui pourrait l’encombrer et la rapetisser ; les intérêts politiques ou sociaux y sont mis en pleine lumière ; le peuple se mêle à la pièce, l’arrête, la dirige et devient lui-même acteur à la voix innombrable. Ces quatre pièces sont des actes détachés d’un grand drame : la Révolution. L’œuvre est interrompue, mais non abandonnée. Comme dans ces longues marches en avant des peuples et des générations, il faut savoir se reposer à temps et, enveloppant d’un même regard la route déjà parcourue, si petite derrière soi, comparée à l’étendue des routes prochaines, se ressaisir pour repartir plus fort, plus invincible vers le but et vers l’aube.

  1. Cf. Bibliographie n° 8.