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qu’il se réservait de resserrer après les avoir vus exposés au grand air ». À chaque instant, critiques et libraires confondaient encore les deux éditions, oubliant que Péguy, dans une lettre à Pages Libres (couverture du numéro du 29 juin 1907), les avait nettement différenciées et caractérisées : « l’édition en cahiers… est la seule édition complète en ce sens qu’un certain nombre de paragraphes que l’auteur y fait figurer ne figurent pas dans l’édition de librairie à 3 fr. 50. …Quand un travail paraîtra séparément aux cahiers et en librairie, l’édition en cahiers sera la plus large et la seule complète, elle débordera toujours l’édition de librairie. » Le dernier volume, qui portait en sous-titre : La Nouvelle Journée, paraissait en octobre 1912. L’œuvre formait dix-sept Cahiers de la Quinzaine, tandis que l’édition Ollendorff, « édition de grand public » comme l’appelait Péguy, la resserrait, la condensait en dix volumes in-16.

Œuvre énorme et diversement jugée qui, par son énormité même, a dérouté la critique. Comme elle ne rentrait pas aisément dans le cadre des genres littéraires que l’on a coutume d’étudier, les timides aux idées toutes faites, les critiques, habitués aux intrigues et aux dissertations, se sont effrayés. Charles Péguy, dans le Catalogue analytique sommaire des cinq premières séries des Cahiers, (octobre 1904, 1er Cahier de la VIe série, p. 320), le qualifiait en ces termes : « Ce roman, sans que je veuille le limiter en le définissant d’un mot, est essentiellement, éminemment le roman d’un musicien. » Mais devant les interprétations et les commentaires contradictoires, R. Rolland a pris soin, deux ou trois fois, de préciser ses intentions : en novembre 1906, il l’appelle « l’histoire de Jean-Christophe » (La Révolte, p. 15) ; mais en janvier 1909, s’adressant Aux Amis de Christophe, dans une sorte de préface, placée au seuil même de : Dans la Maison (pp. 17-18), il est plus net :