Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/192

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le même, qu’il ne change point en mal. Cela lui suffit. Tel est le cas d’un homme qui se promene dans un chemin uni en suivant le fil d’une méditation. Rien ne détourne son attention. Sa marche est facile, négligée, uniforme. S’il arrive qu’elle soit tantôt plus vîte, tantôt plus lente, quelquefois interrompue, ce n’est point l’effet de l’impression des objets extérieurs sur son ame, elle ne s’en occupe point & ne sauroit s’en occuper : c’est l’effet de la succession plus ou moins rapide des idées qui s’offrent dans l’intérieur. L’influence de ces idées sur les mouvemens de la machine avec lesquels elles n’ont aucun rapport, prouve que l’ame agit à chaque instant pour produire ces mouvemens ; puisqu’il n’y a que l’ame qui puisse être affectée de ces idées.

Passons à un autre cas. Un danger imprévu vient tout-à-coup menacer le corps : l’activité de l’ame se porte à l’instant de ce côté-là : un mouvement intervient ; le corps est préservé. Tel est le cas de l’équilibre. Or, je dis que dans ce cas-là même l’ame a le sen-