Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
CHARLOT S’AMUSE

et il leur fallut enfin se quitter. L’enfant, en descendant l’escalier, donna libre cours à ses larmes.

Le prêtre qui devait le conduire l’attendait déjà au parloir. La présentation fut vite faite. Charlot passa dans les bras de tous les frères et suivit son nouveau compagnon. À la porte, devant la rue populeuse et largement ensoleillée, il eut comme un vertige, ébloui et la paupière clignotante, ainsi qu’un jeune hibou tombé du nid et se débattant sous la révélation de l’éclatante lumière. Mais un cri lui fit relever la tête. Eusèbe était à la fenêtre du premier qui lui faisait de grands signes. Il comprit et tendit sa casquette. Le frère y jeta un chapelet béni enfermé dans une petite noix sculptée, accompagnant son cadeau d’un dernier adieu :

— Bon voyage, Bébé !

Désormais sans rancune, Charlot répondit : « Merci ! » et prit la main de son guide, songeur, sans plus rien voir. Le frère avait des larmes aux yeux en lui souhaitant bon voyage, et, surpris, le gamin cherchait à s’expliquer l’émotion de l’homme qui avait été son bourreau. Une demi-heure après, il quittait la gare de l’Est et roulait en wagon.

La nouveauté du voyage et des vastes campagnes verdissantes découvertes par la por-