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CHARLOT S’AMUSE

avait aimé ce monstre ! La veille encore, il lui envoyait des baisers avant de s’endormir, revoyant les yeux bleus et les cheveux bouclés, de son « bon ami » ! Ce n’était pas juste, la vie décidément était une chose affreuse : il aurait voulu être mort, ne plus souffrir, être comme son papa… L’enfer ! Il irait en enfer pour s’être abandonné à ses sentiments de tendresse et avoir offensé Jésus avec ses pratiques solitaires !… C’en était trop : la secousse était trop rude pour son organisme détraqué. Un grand frisson lui glaça soudain l’épiderme, et, la sueur au front, la face blême, il sentit qu’il allait tomber comme le matin où il avait vu le médecin ouvrir sa boîte d’instruments. Il ferma tout à coup les yeux et étendit les deux bras pour se cramponner à quelque chose. Ses ongles égratignèrent le bois et il roula hors du confessionnal, la tête sur les dalles.

La convalescence fut longue. L’enfant avait une fièvre cérébrale qui faillit l’emporter. Son délire bruyant révolutionnait depuis quinze jours la maison, d’ordinaire si calme, quand, avec un affaissement subit, qui le rejeta épuisé sur ses oreillers, la raison lui revint, un matin. Le docteur Noël entrait à ce moment.

— Eh bien ! mon petit homme, on se décide donc à reconnaître son monde ?