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CHARLOT S’AMUSE

pardonné. Demandez-lui des forces pour ne plus pécher…

— Oh ! cher frère ! cher frère ! je serai sage…

Le pauvre petit ne put en dire davantage. Une joie immense l’inondait à présent, et, écrasé de bonheur, las de ses émotions, il ferma les yeux et s’endormit d’un lourd sommeil, une teinte rose revenant à ses joues.

Trois semaines après, il était sur pied, ragaillardi et comme remis à neuf par le repos, les bons soins et un complet renoncement à ses habitudes anciennes. Joyeux, il se mit au travail, plein d’ardeur, stimulé par le reproche que lui avait paternellement adressé le directeur d’être grandement en retard pour ses douze ans, et jaloux, lui que ses condisciples appelaient le petit Parisien, de ne point paraître au-dessous d’eux. Sa vie était heureuse. Des protections plus encore que sa gentillesse le défendaient contre les brutalités soudaines des frères. Le catéchisme et les pieux exercices ne lui pesaient plus et sa sensibilité s’exaltait par des élans d’ineffable dévotion dans lesquels il écoulait son besoin instinctif de tendresse. Même la confession lui était devenue étrangement douce. M. Choisel semblait l’aimer beaucoup, et Charlot le vénérait