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CHARLOT S’AMUSE

reurs puériles d’enfant et la majeure partie de ses croyances, les premières imaginations que lui avait soufflées la découverte de son mal. Nettement, au contraire, il comprenait ce qui se passait en lui et se traitait en malade. Il avait même la monomanie du malade ordinaire qui ne se préoccupe que de sa santé, s’exagérant parfois ce qu’il éprouve en rêvant qu’il éprouve quelque chose. Sa fausse science, avec cela lui trottait par la tête ; il possédait Tissot et les vulgarisateurs fantaisistes du même genre, s’attendant, depuis la lecture de leurs œuvres, à toutes les souffrances, à toutes les aggravations. Mais, avec une justesse qui fortifiait sa lâcheté naturelle, en lui permettant d’accuser la fatalité et de répondre à ses propres reproches, il étudiait l’hérédité maudite sous laquelle il succombait. Pour excuser sa déchéance, il se rappelait l’alcoolisme de son père et de son grand-père, l’hystérie de sa mère et l’épileptique folie de la mère de celle-ci. Il ne lui serait jamais venu à l’idée de supposer qu’il tenait d’eux seulement des prédispositions morbides surmontables par le vouloir et sans médication. Cela aurait entamé son système de défense, et il préférait pouvoir pleurer sur lui-même que d’avoir à se mépriser, — à se vaincre. Peut-être aussi devinait-il qu’il était trop tard. Les