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CHARLOT S’AMUSE

Devant lui, entre les maisons grises, la rue Bichat, plongeant en contrebas du quai, faisait un grand creux plus clair. L’ouvrier alla jusqu’à l’escalier, cherchant à lire le numéro des portes. Il n’osait pas éveiller Charlot pour l’interroger, et il tâtonnait, grommelant et pris d’impatience, mais finissant son juron en une caresse à mi-voix, lorsque la joue brûlante de l’enfant, dont la tête ballottait, abandonnée dans le sommeil, retombait et lui frôlait la barbe. Lassé, il s’arrêta enfin, tâchant de rappeler ses souvenirs.

Il était pourtant venu là, chercher le père du pauvre moutard, le gazier, lorsque celui-ci, renvoyé de son atelier, lui avait demandé à travailler à la pose des fils souterrains.

— C’était une grande porte cochère ! murmurait-il, et, insoucieux de la pluie qui retombait, il s’efforçait de déchiffrer les enseignes obscures.

Tout à coup, il reconnut la maison : une grande bâtisse qui faisait l’angle de la rue Bichat et du quai de Jemmapes. Ses deux numéros l’avaient trompé. Il poussa la porte dont un battant s’ouvrait à demi, offrant une ouverture assez large pour le passage d’un homme, mais insuffisante pour laisser sortir ou entrer un paquet.