Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
CHARLOT S’AMUSE

de quinze et seize ans se récitaient du Lamartine entre deux baisers. Le lapin, encore en seconde, adorait « le Créateur », en s’enrhumant à sa fenêtre par les soirs de lune, et son ami, alors en rhétorique, répondait, sur le mode byronien, en déclamant Rolla ou la Nuit de Mai. Ils étaient ignoblement heureux, divinement idiots.

La dernière lettre du paquet portait comme épigraphe une citation du Banquet de Platon. Lucien parlait de Diotime, et, sa nature méridionale ardente l’emportant, las des manœuvres à deux, banales, toujours les mêmes, il rêvait une plus réelle possession.

Et, dans l’espoir de vaincre les répugnances de Charlot, il lui indiquait, avec la prophétesse de Mantinée, le chemin de la pédérastie à la vertu.


Vignette de l’éditeur Henry Kistemaekers
Vignette de l’éditeur Henry Kistemaekers