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CHARLOT S’AMUSE

Implacable, la plaie s’était rouverte, et la rechute de Charlot était d’autant plus violente, d’autant plus rapide, que sa convalescence avait été plus pénible et plus lente. De nouveau, il s’affaissa. La chose eut lieu presque sans lutte. Les premiers jours, il comptait ses accès, se marquant une limite, et se disant qu’à telle date il reprendrait sa vie des trois derniers mois, mais, bientôt, il s’abandonna sans songer, et ne voulant plus se rendre compte de l’étendue de sa déchéance, comme hors d’état désormais de réfléchir. La réapparition des symptômes extérieurs, dont la constatation le désolait jadis, le laissa presque indifférent.

Son fatalisme, irraisonné maintenant, devenait, en effet, chaque jour plus fort, et semblait être la traduction psychique de l’exaltation de son organisme. Son inertie accroissait l’irrésistibilité de ce nouvel entraînement et le rendait presque continuel.

Le malheureux ne vivait plus. Il se laissait aller, apathique, épuisé, sans plus même un regard sur son passé, sans plus même un de ces regrets, qui, à Saint-Dié, soutenaient sa vie, tout en la désolant. Ainsi qu’une machine, il accomplissait sa besogne quotidienne, insouciant de tout, pourvu qu’il pût, sa tâche faite,