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CHARLOT S’AMUSE

aurait préféré ces nudités-là, que rendaient plus capiteuses la discrétion savante du peintre et une disposition artistique inconnue aux photographes de Skating, s’il n’avait pas, avant tout, cherché des apparences de réalité pour colorer ses rêves. Plus loin, dans les bâtiments qui flanquaient la bibliothèque nationale, d’autres vitrines l’attiraient encore, plus étranges celles-là, et dont les scandaleuses exhibitions arrêtaient des groupes serrés de passants. Les femmes dont les photographies s’y étalaient avaient posé avec un loup de velours, mais ce masque constituait à peu près leur seul costume, et renversées dans des attitudes lascives, ou retroussées devant des glaces qui réfléchissaient ce que leur posture ne laissait qu’imparfaitement deviner, elles s’offraient impudemment, comme des filles soumises dans le salon d’une maison de tolérance. Au premier rang des curieux, des enfants, la pupille dilatée, les dévoraient du regard, et le groupe des passants grossissait, sans que les premiers venus songeassent à s’arracher à la contemplation de cette chair. Les gens étaient silencieux, mais ils avaient les lèvres tirées, les joues pâles et les yeux comme des braises. Charlot les devinait en rut comme lui.