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CHARLOT S’AMUSE

sévère agaçait son regard, dont l’épaisseur lui semblait écraser ses épaules.

Il fut bientôt installé. Le frère l’introduisit dans un petit cabinet vitré dont la fenêtre en tabatière donnait sur la rue et dans lequel on ne pouvait pénétrer sans passer par le dortoir des maîtres. Il y avait dans ce réduit un lit de fer, une chaise et une table sur laquelle était une statuette en plâtre de la Vierge. Les murs étaient tapissés d’images pieuses et, à la tête du lit, un bénitier énorme plaquait un ange échevelé dont les pieds et les ailes trempaient dans l’eau d’une grande coquille à valve rose.

Charlot ne remarqua pas tout cela, à première vue ; il venait de s’apercevoir que le frère Hilarion participait comme producteur à cette odeur écœurante qui remplissait la maison, et cette découverte l’étonnait, lui inspirant peut-être plus de curiosité encore que de dégoût. Alors, tandis que son guide s’assurait si le bénitier était rempli, il se pencha contre lui. Quand il se releva, il avait compris : c’était cette soutane, dont les cheveux plats balayaient le collet gras, couvrant l’étoffe pisseuse de pellicules, qui exhalait cette odeur rancie, indéfinissable, où se mêlaient il ne savait quels relents de drap mouillé, de pommade rance et