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qui font grand étalage de dépêches télégraphiques, ni avec celles qui donnent la préférence aux ports de mer. Plus une maison fait jouer le câble, plus elle a de frais perdus qu’elle doit retrouver sur l’une ou l’autre affaire, et les maisons qui travaillent beaucoup avec les négociants des ports de mer, favoriseront toujours ceux-ci plutôt que les filateurs. Bien plus, les spéculateurs à la hausse ou à la baisse, non moins que ceux qui offrent ferme, toujours préoccupés de leurs engagements, ne peuvent jamais juger froidement la position et l’avenir de l’article ; il arrive donc souvent qu’ils remplissent des ordres lorsqu’il faudrait attendre, et s’abstiennent lorsqu’il faudrait agir.

Surtout, ne donnez pas d’ordres à une maison américaine ou indienne qui a une succursale en Europe, établie exprès pour se réserver les bonnes affaires et endosser les mauvaises aux clients. Si vous tombez entre les mains de ces cerbères, toujours à l’affût, vous n’aurez jamais de coton qu’à peu près dans la parité des prix d’Europe. Les succursales sont là pour contrôler le marché et télégraphier les prix auxquels on doit facturer. À la source on saisira bien les moments de bon marché, mais vous n’en profiterez jamais.

L’établissement des succursales en Europe, pour me servir d’une expression impériale, est le couronnement de ce bel édifice systématique, dont les fondements datent de la pose du câble pour dégoûter les filateurs des importations directes, et les livrer, pieds et poings liés, à l’avidité des négociants de ports de mer[1].

  1. Depuis trois mois, ils nous prêchent la rapide diminution des recettes en Amérique, et au lieu de diminuer, elles augmentent. Que penser de cette tactique, ou de cette ridicule méprise ?