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VII
PRÉFACE.

ardeur les idées de la réforme dans lesquelles il éleva ses enfants, et combattit vaillamment pour cette cause. Il mourut à quatre-ving-dix ans, laissant une nombreuse postérité.

Jean était l’aîné de ses fils, et devint l’héritier de ses biens et de la baronnie de Salignac.

Les premières années de son enfance s’écoulèrent au château de Salignac, à l’ombre de ces vieilles tours, de ces immenses remparts qui subsistent encore, rappelant les temps héroïques où chaque jour apportait son contingent de luttes et de combats. Le bruit des armes, les crépitements de la poudre furent les premiers sons qui frappèrent ses oreilles et le préparèrent à suivre la destinée que lui imposait sa naissance. Élevé avec les enfants de son âge, participant à leurs jeux, se livrant avec eux à tous les exercices du corps qui fortifient et assouplissent les muscles, il apprit ainsi de bonne heure à endurer les fatigues que l’on doit supporter à la guerre. En même temps qu’il recevait cette éducation agreste, rien n’était négligé pour développer dans son cœur les qualités chevaleresques qu’un observateur attentif eût pu déjà entrevoir. À quinze ans, il était un homme accompli : d’une intelligence vive, d’un cœur ardent et généreux, d’une hardiesse qui semblait défier tout danger, il joignait à ces qualités une affabilité très grande et une condescendance pour les autres qui le faisaient rechercher et aimer par les jeunes gens de son âge. L’existence aventureuse que menaient son père et les gentilshommes qu’il voyait autour de lui avait rapidement fait mûrir ses goûts militaires ; et sa jeune intelligence s’enflammait au récit des batailles et des