Page:Bordier - Ambassade en Turquie de Jean de Gontaut Biron, baron de Salignac.djvu/16

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raconte d’Aubigné. Un mois après, il prenait part au siège de Marmande et aux luttes sanglantes qui se livraient autour de la place. Au combat de Nérac, il était près de Henri de Béarn lorsque ce prince, accompagné de quelques gentilshommes seulement, fut attaqué à l’improviste par une troupe de cavalerie. Chacun se défendit vaillamment, et si bien que l’ennemi, ne pouvant parvenir à vaincre cette poignée de braves, dut opérer sa retraite.

La paix signée à Bergerac (septembre 1577) permit à peine aux combattants de déposer les armes. Les esprits étaient très surexcités, et Catherine de Médicis n’était pas étrangère à cette fermentation. Sous prétexte de ramener sa fille au roi de Navarre, elle visita quelques villes de Gascogne. En même temps elle encourageait les intrigues qui s’ourdissaient dans l’ombre. Les deux reines, suivies d’une cour brillante, étaient arrivées à Auch, capitale de l’Armagnac, et prenaient part à toutes les réjouissances qui s’y donnaient en leur honneur. Ce fut pendant une de ces fêtes que Henri de Béarn reçut avis de la surprise de La Réole par les catholiques. Il sut contenir sa colère et calmer ses amis, qui voulaient répondre à la violation de la paix en s’emparant de la Reine mère et des principaux seigneurs de sa cour ; puis après une courte délibération, l’on se décida à tenter un coup de main sur Fleurance, dont la proximité permettait de prendre une revanche immédiate. La nuit même, à trois heures du matin, Henri, suivi de Turenne, Rosny, Salignac et quelques autres, ainsi que d’une petite troupe de choix, arriva devant la place. Les échelles furent posées sur la