Page:Bordier - Ambassade en Turquie de Jean de Gontaut Biron, baron de Salignac.djvu/25

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PRÉFACE. XXII

« long sur le pavé. Ce grand bruit mit toute la ville en armes hormis ceux qui firent les paresseux croyans que ce fust le tonnerre. Ceste première troupe de 6 courut devant le baron de Salignac comme pour recognoistre, mais ils furent arrestés au premier canton, et là un des six mis par terre. A cent pas de là parut Vesins avec 40 gentilshommes et 300 arquebusiers. Roquelaure ayant doublé le pas ne fist plus que mesme troupe avec le baron : ce fut des deux côtés à qui porteroit les arquebusades à bout touchant. Des coups de trait il fallut venir aux coups de piques : là Vesins blessé, ceux de la ville s’estonoyent et estoyent en route (déroute), sans les blessures des trois capitaines assaillans Salignac, Roquelaure et St Martin et aussi sans un renfort d’hommes armés et de bons arquebusiers du costé de la ville (1). »

Malgré sa blessure, le baron de Salignac voulut conduire au combat les renforts qu’il avait reçus; mais il ne put assister aux assauts livrés les jours suivants et aux luttes acharnées qui déterminèrent la prise de la ville. Sully raconte qu’il vit là « les choses les plus belles et les plus effroyables tout ensemble. »

M. de Cabrerès (2) fut laissé dans la place en qualité de gouverneur, et le roi de Navarre revint à Nérac où se préparèrent de nouvelles entreprises. Mais la campagne de 1580 ne fut pas favorable aux réformés; aussi s’empressèrent-ils d’accepter les offres de paix portées par le duc d’Alençon frère du Roi. Ce prince remuant et ambitieux s’était mis à la

(1) D’Aubigné, Histoire universell, t. II, livre IV, chap. 7.
(2) Jean de Gontaut, baron de Cabrerès et de Roussillon.