Page:Bordier - Ambassade en Turquie de Jean de Gontaut Biron, baron de Salignac.djvu/40

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PRÉFACE. XXX VU I avec les troupes qu’ils avaient amenées, tandis que les huguenots eux-mêmes, mécontents du traité conclu avec Henri III, se montraient froids et défiants. Seuls les plus anciens compagnons d’armes du prince, ceux qui avaient subi avec lui, et sans jamais murmurer, ces mille privations, résultat de vingt ans de guerres continuelles, restaient groupés autour de lui, tout disposés à redoubler leurs sacrifices pour la cause qu’ils chérissaient. Le baron de Salignac était fier de compter dans cette phalange de braves qui, en récompense de leur fidélité, n’avaient jamais réclamé que l’honneur de combattre et de se dévouer pour leur prince. Il fallait le grand esprit politique de Henri de Navarre pour faire tête à tant de difficultés. Fort de son droit légitime, que les déclarations de Henri III à son lit de mort avaient hautement affirmé, il provoqua une réunion des princes et des grands dignitaires de la couronne, et se fit proclamer roi de France. Henri IV ne disposait plus que de cinq à six mille combattants. Il fut forcé de lever le siège de Paris, et se décida à gagner la Normandie pour y attendre les secours promis par la reine Élisabeth d’Angleterre. Un renfort de 4,000 Anglais lui permit de faire face aux troupes du duc de Mayenne. L’activité du Roi croissait avec les difficultés. Lui-même et ses lieutenants se multipliaient, faisant tête aux troupes ennemies partout où elles se montraient. La promptitude qui présidait à leurs expéditions déconcertait le duc de Mayenne, dont les opérations étaient toujours exécutées avec une lenteur préju-