Page:Bordier - Ambassade en Turquie de Jean de Gontaut Biron, baron de Salignac.djvu/43

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PRÉFACE. XL

Il fallut entamer avec eux des négociations longues et pénibles au moment où le duc de Parme, envahissant la France, pouvait écraser les troupes si peu nombreuses de Henri IV (1).

« depuis a esté employé à la closture des rolles, à leur payement ou à leur faire passer la rivière. Toutes ces difficultés, Dieu merci, sont passées; ayant tout achevé, nous marcherons aveques son aide demain sans sejourner, ce crois-je, de quatre ou cinq jours, é l’eussions faict un jour plus tost sans les pluyes extrèmes que nous avons eues. Je pense, Monseigneur, que ladite armée passera par votre gouvernement, qui fait que je vous suplie très humblement faire commander d’aviser à son passage, tant pour le soulagement du païs que pour la commodité de la dite armée que vous trouverez, je m’en asseure, digne que l’on prène tout soin pour son entretènement. La commission que Sa Majesté m’a donnée (de laquelle j’ay mis dans ce paquet un double) m’excusera, Monseigneur, si je vous donne la peine de lire ceste lettre, que j’alongeray encores pour vous asseurer que je tiendray à beaucoup d’honneur lorsque vos commandemens me donneront le moyen de vous faire quelque très humble service.. — Signé : J. DE BIRON SALAGNAC. — Du camp de Oberhilsdessain, le xviii° août 1591 » (Biblioth. nationale, fr. 3618, fol. 117).
(1) Il existe à la Bibliothèque nationale une correspondance et des pièces importantes qui jettent une vive lumière sur ces négociations.
Ces documents permettent aussi de constater les difficultés sans nombre qui entravaient continuellement les projets du Roi et d’apprécier l’énergie et la persévérance de ce prince qui, malgré tant d’obstacles accumulés devant lui, ne se découragea jamais et parvint ainsi au but qu’il s’était proposé.
Pour suivre la marche des négociations avec les reîtres, signalons :
1° Une lettre du sieur de Fresne au prince d’Anhalt, datée de Mantes, 12 octobre 1591, lui annonçant que Henri IV ne peut s’acquitter envers lui et réserve toutes ses ressources pour lutter contre les Espagnols (lettre provenant d’une collection vendue par M. Charavay le 10 mai 1886);
2° Une longue lettre du 9 novembre (en chiffres) écrite au Roi par le baron de Salignac, Guitry et Nyvonné, et donnant des détails circonstanciés sur une entrevue de ces négociateurs avec le prince d’Anhalt. Nous en donnons les extraits suivants :
...« Nous sommes allés au logement du prince d’Anhalt trouver les colonels et capitaines, et leur avons fait entendre la charge que V° Majesté nous avoit donnés, tendant principalement à la continuation de leurs services après les trois mois expirés, à leur faire avoir patience du paiement d’un mois jusques à leur arrivée près de Rouen et, moyennant iceluy, leur faire faire monstre et régler les autres paiements sur les nouveaux rooles... etc. » Ils ont répondu « qu’ils continueront volontiers à faire service à V° Majesté puisqu’elle a contentement d’eux, et de faict, nous n’y avons cogneu que toute bonne volonté pour le regard des chefs. Mais ayans à contenter leurs troupes, ils nous ont représenté la difficulté qu’ils ont de les arrester puisque les trois moys qu’ils avoient promis servir sont expirés, et qu’ils ne voient encore aucune apparence de les paier; que, à leurs persuasions ils opposent la faim