Page:Bosquet - La Normandie romanesque.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
87
LES FÉES.

de Sein, les Calypso et les Circé de la Grèce[1]. À cette espèce de fées appartiennent les héroïnes des romans de la Table ronde, lesquels sont issus des traditions armoricaines, et sont les plus anciens des romans de la chevalerie.

Les prototypes des fées d’origine surnaturelle sont les Péris de l’Orient, les Nornes de la Scandinavie.

Les Péris, suivant la tradition orientale, ont été formées de l’élément du feu, long-temps avant la création d’Adam. La beauté enchanteresse, mais tout idéale et vaporeuse, des Péris du sexe féminin, ne peut trouver sur la terre un digne objet de comparaison. Ces créatures charmantes vivent dans les nuages, se revêtent des couleurs de l’arc-en-ciel, se nourrissent des parfums les plus exquis ; lorsqu’elles entrent en communication avec un mortel, c’est pour le combler d’inappréciables bienfaits. La nature constamment bonne, sensible, consolatrice et généreuse des Péris, doit servir principalement à les distinguer de toutes les autres espèces de fées. Mais il est vrai de dire que les Péris ne se sont introduites que dans les compositions chevaleresques, imitées directement des traditions orientales[2].

Une doctrine complète de la féerie nous est exposée dans le poème de l’Edda : « D’un lac situé sous l’arbre viennent les trois vierges savantes ; l’une s’appelle Urda, l’autre Vernandi ;

  1. Peut-on dire que les fables grecques n’étaient pas connues des Armoricains, quand ils ont fait des lais sur l’Histoire de Narcisse et sur celle d’Orphée, et, surtout, lorsque, dans le Lai de Guigemer, ils citent les ouvrages d’Ovide, c’est-à-dire de l’auteur latin qui a le plus écrit sur la mythologie. (L’abbé De la Rue, Recherches sur les Bardes de la Bretagne armoricaine.)
  2. Leroux de Lincy, ibid., p. 170 et 186. — Fairy Mythology, t. i, Persian romance, p. 46 et 47. En général, les traits de ressemblance que l’on a constatés entre nos fées et les divinités de l’Orient, se rapportent bien moins aux Péris de la mythologie persanne qu’aux Jinns des contes arabes. Celles-ci, quoique d’origine divine, sont d’une nature moins éthérée que les premières, et contractent souvent l’alliance du mariage avec les mortels. Aussi a-t-on pu avec justesse les comparer aux fées des Bretons.