Page:Bosquet - La Normandie romanesque.djvu/182

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perfectionnement de leurs procédés correspond aux plus lumineux progrès de la science.

Au temps de leur prospérité, les Templiers avaient fondé, au Grand-Andely, une maison de leur ordre. Or, un des habitants actuels du bourg que nous venons d’indiquer, connaisseur érudit des antiquités de sa localité, s’est persuadé, d’après des conjectures plus ou moins fondées, que, lors de la persécution générale dirigée en France contre les Templiers, ceux des Andelys, avant de fuir et de se disperser, avaient enfoui leurs trésors en quelque endroit du voisinage. Notre Normand songeait souvent que la découverte de ces richesses, ensevelies tout à la fois dans les profondeurs de la terre et dans les abîmes de l’oubli, serait un excellent coup de fortune ; mais il était trop prévoyant pour entreprendre à l’aventure une recherche aussi hasardeuse, et d’un esprit trop raffiné pour se laisser duper par les insignifiantes jongleries des sorciers. Cependant, les prodigieux résultats du magnétisme, confirmés et prônés par les savants, attirèrent son attention, gagnèrent sa confiance. Bientôt notre industrieux spéculateur, transformé en une sorte d’adepte mystique, rassemble autour de lui les sujets qu’il veut dévouer à ses expériences, puis commence à magnétiser avec une ferveur qui paraît un gage assuré de succès. D’un autre côté, les somnambules, ou supposées telles, se sont prêtées parfaitement aux vues de leur initiateur. C’est d’après les indications journalières qu’elles lui fournissent, que celui-ci a fait perforer, en tous sens, une colline située dans le voisinage de l’hôpital, et dont les flancs avares recèleraient, dit-on, les richesses qui sont devenues l’objet d’une si âpre convoitise. Vingt mille francs ont été dépensés, déjà, en recherches infructueuses. Cependant, notre industriel n’est point encore au bout de son crédit ni de ses espérances, en sorte que nous ne pouvons faire connaître à nos lecteurs le résultat définitif de cette bizarre et nouvelle spéculation.

Dans le département de la Manche, on croit qu’on peut ar-