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iii
introduction.

sens d’approfondir, et sur laquelle un esprit judicieux doit se trouver en état d’établir une solution nettement motivée ? C’est que, toutes les fois que des personnes, exemptes d’une habituelle crédulité, se trouvent ramenées à l’examen de quelques faits qui se rattachent aux superstitions populaires, elles jugent ces faits isolément, et comme existant dans une complète indépendance de toute combinaison systématique ; c’est-à-dire qu’elles ne se mettent pas en peine de savoir si ces incidents merveilleux, qui appellent leur attention, ne se relient point à une quantité considérable d’autres fables qui ont de profondes ramifications dans le passé religieux des peuples. En un mot, c’est faute de bien connaître l’origine, la base, le mobile des croyances superstitieuses, que l’on se forme, au sujet des faits qui en dépendent, des opinions erronées : soit, ainsi que nous l’avons dit plus haut, qu’on les regarde comme des fantaisies insolites de l’imagination, n’ayant aucun point de ralliement et de contact avec la raison humaine ; soit qu’on les envisage comme des révélations presque insaisissables, comme des manifestations voilées d’un principe mystérieux : Dieu, Satan, l’ame, ou, dans un sens matériel et restreint, le principe vivifiant, c’est-à-dire la force agissante et secrète de la nature.

Dans le cours de l’ouvrage auquel ces pages servent d’introduction, nous avons essayé de déterminer l’ori-