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MONUMENTS DRUIDIQUES.

appuyée sur quatre supports de même nature. La tradition affirme qu’à certaines époques de l’année, et vers minuit, les fées, après avoir lavé leur linge dans les environs, viennent l’étendre sur la pierre des Bignes, pour le sécher aux reflets de la lune et au souffle des vents rapides de la nuit[1].

On voit, par l’énumération qui précède, que cette disposition triangulaire des monuments celtiques se rencontre assez fréquemment pour qu’on ne puisse l’attribuer à un jeu du hasard ; c’est plutôt une recherche inspirée par un motif religieux, le nombre trois étant considéré comme sacré chez les peuples de l’antiquité.

Le nombre des monuments druidiques que renferme notre province est si considérable, qu’il est hors de doute que tous n’ont pas été découverts ni signalés au public. Nous ne pouvons donc espérer d’en offrir à nos lecteurs une énumération complète. Peut-être, à cause de cette raison, eût-il fallu nous restreindre à n’indiquer que ceux de ces monuments auxquels se rattache quelque tradition bien connue. Cependant, la conviction où nous sommes qu’il n’est pas une de ces pierres antiques qui ne donne lieu, parmi le peuple, à quelque réminiscence superstitieuse, nous a déterminée à dresser la liste de tous les monuments druidiques qui sont parvenus à notre connaissance, et dont nos lectures nous ont fourni l’indication. En les rappelant à la mémoire des personnes qui s’intéressent à nos antiquités locales, nous espérons provoquer des enquêtes plus étendues et d’un résultat plus certain sur ces débris du culte mystérieux de nos premiers ancêtres.

Parmi les monolithes couchés à plat sur le sol, de manière à présenter une surface plane, et que le peuple a distingués sous le nom de Tables ou Plates pierres, deux seulement ont été indiqués en Normandie. Le premier, dit Table aux Fées, se rencontre à Briquebec, sur la colline des Grosses Roches,

  1. L. Dubois, Archives de la Normandie, prem. année, p. 263. — F. Galeron, Monuments historiques de l’arrondissement d’Argentan ; (Mém. de la Société des Antiq. de Normandie, 1835, p. 432 et 433.)