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CHAPITRE XVIII.

des flots, arriva, guidé par une main protectrice, jusque dans la vallée de Fécamp, en un lieu couvert de bois, où la mer s’était avancée bien au-delà de ses limites habituelles.

Lorsque les eaux se furent retirées, le tronc demeura longtemps en cet endroit, enfoui au milieu de la vase et des roseaux. Ce fut vers cette époque que saint Denis et ses compagnons furent envoyés de Rome, par saint Clément, pour prêcher la foi chrétienne dans les Gaules, ils se partagèrent les différentes contrées où devait s’exercer leur mission, et un saint homme, nommé Bozo, fut désigné pour accompagner ceux de ces apôtres auxquels échut le pays de Caux. Cet apostolat eut le plus heureux succès : un grand nombre d’infidèles se convertirent, les idoles furent brisées, les temples abandonnés, et le culte des païens aboli. Après que la prédication fut terminée, Bozo, sentant la nécessité du repos, chercha un lieu agréable où il pût se fixer. Il parcourut toute la contrée, et arriva jusqu’au pays qui porte maintenant le nom de Fécamp. Il y découvrit un terrain fertile, situé sur le bord de la mer, et traversé par un courant d’eau douce. Cet endroit attira son choix, il s’y bâtit une demeure, et le nomma Bullaire Debo. Ayant eu occasion par la suite de convertir, à la foi chrétienne, une aimable femme, nommée Merca, il contracta avec elle la sainte alliance du mariage. Rien ne manqua plus alors au paisible bonheur de Bozo qui vit croître et prospérer autour de lui une famille bien aimée.

Or donc, un jour que les enfants de Bozo faisaient paître leurs troupeaux dans l’endroit le plus fertile de la vallée, là précisément où la mer avait déposé le tronc sacré, ils aperçurent trois rejetons très tendres d’un arbre inconnu, entourés de feuilles larges, épaisses, d’un vert splendide, et profondément découpées. Un des enfants s’empara d’un rejeton et le porta chez son père. Mais Bozo, qui était romain, reconnut de quel arbre provenait cette branche, et, surpris de la voir entre les mains de ses enfants, il leur demanda en quel lieu de la forêt ils l’avaient cueillie. Les enfants répliquèrent qu’ils ne