Quoi qu’il en soit de l’origine de Caen, on n’a pas plus épargné à son nom, qu’à celui de Rothomagus, les ridicules interprétations étymologiques : Caen pourrait dériver de Caïn, premier né d’Adam[1], ou de Cadmus, qui, après avoir inventé l’alphabet grec, serait venu dans la Gaule pour y fonder cette ville[2]. Mais peut-être Caïus Julius César se recommanderait-il de préférence pour être reconnu comme le fondateur de la ville de Caen, quoique lui-même, dans ses Commentaires, n’ait fiait aucune allusion à cette circonstance[3] ? On fait encore venir le nom de Caen de Campodomus, maison de campagne[4] ; du latin Cani, parce que, à cause de la salubrité de l’air, les habitants y parviennent à une vieillesse avancée, et finissent par avoir des cheveux blancs[5] ; enfin, de Cadomus, quasi casta domus, maison chaste, pour la continence que gardoyent les citoyens hommes et femmes en pudicité[6].
Le poète Segrais, découvrant, dans le nom de Caen, une onomatopée, dit que cette ville s’appelle ainsi à cause des canards qui fréquentent ses marais[7]. Ne peut-on pas proposer cette explication comme une raillerie ingénieuse, à l’adresse de nos chercheurs d’étymologies ?
Il nous reste encore à énumérer, tandis que nous sommes sur cette matière, quelques fabuleuses interprétations du nom de certaines villes. Domfront, ou Danfrons, doit son origine et son nom à saint Front, pieux ermite qui vint apporter l’évangile aux habitants du Passais, vers l’an 510[8]. Avran-
- ↑ Cité par M. G. Mancel, Sur la tradition, etc, p. 7.
- ↑ Cité par l’abbé De la Rue, Essai historique, etc.
- ↑ Description contenant toutes les singularités des plus célèbres villes et places du royaume de France, p. 252.
- ↑ Robertus Cenalis, De Re gallica, t. ij, fol. 149.
- ↑ De Bras, Recherches de la ville de Caen, p. 3 et 4.
- ↑ Idem, ibidem.
- ↑ M. G. Mancel, Sur la tradition, etc.
- ↑ Caillebotte, Essai sur l’histoire et les antiquités de la ville et de l’arrondissement de Domfront.